IPMS/USA 2002 NATIONAL CONVENTIONpar Jean Luc DUBERT Mission Militaire à Washington
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PREAMBULE A mon arrivée aux Etats-Unis il y a maintenant 2 ans, j’adhérais immédiatement à l’IPMS/USA, à la section de Washington DC, mais il était déjà trop tard pour me rendre à l’édition 2000 de la fameuse Convention américaine. Aussi me tournais-je déjà vers l’édition 2001 (annoncée un an à l’avance) qui devait se dérouler à Chicago (Illinois) du 04 au 07 juillet et commençais, malgré la distance, à préparer mon déplacement vers les grands lacs américains. Malheureusement, des impératifs professionnels firent écrouler tout espoir de m’y rendre et j’ai du me contenter d’en lire le reportage dans REPLIC et dans le Journal de l’IPMS/USA. Mais … l’annonce de l’édition 2002 est parue et m’a immédiatement consolé. Pensez-donc ! L’IPMS/USA 2002 NATIONAL CONVENTION était programmée du 31 juillet au 03 août, à Virginia Beach (Virginie) soit à moins de 4 heures de route de mon domicile. Cette fois, rien ne pouvait m’arrêter. Lors d’une exposition en mars de cette année, je discutais de mon projet de déplacement avec Misha, un ami maquettiste de la section voisine de Fairfax, en Virginie. Il me proposa d’être mon guide pour la Convention et j’acceptais bien entendu. C’est pourquoi le 31 juillet au matin, nous roulons tous deux en direction de la côte Est, l’appareil photo prêt à réaliser tout cliché et la carte de crédit prête à fonctionner. VIRGINIA BEACH, LE MERCREDI 31 JUILLET 2002 Après un passage (bref) à l’hôtel pour déposer (ou plutôt jeter) les bagages, nous nous dirigeons (non sans avoir pu admirer au passage quelques bâtiments de l’US NAVY ancrés dans la rade de la base navale de Norfolk) vers le Pavilion Center de Virginia Beach qui va accueillir pendant 4 jours l’événement maquettiste annuel des Etats-Unis. A notre arrivée, la vue du bâtiment Comme pour nous mettre un peu plus dans l’ambiance, le Pavilion Center est régulièrement survolé par les appareils de l’US NAVY en raison de la proximité quasi-immédiate de la base aéronavale de Oceana. C’est à peine une heure après l’ouverture des portes, prévue à 15 H 00, que nous pénétrons les lieux. Au guichet, plusieurs forfaits nous sont proposés selon nos intentions. Ayant prévu de rentrer le vendredi soir, nous optons pour le forfait à 3 jours pour $10.00. Une étiquette nous est remise où nous devons inscrire nos nom et prénom et que nous devons porter en permanence. Ici, savoir à qui l’on a affaire et s’appeler par son prénom sont les règles de base. Comme nombre d’entre vous doivent le savoir, la vision américaine d’un salon est différente de la notre. En fait, il n’y a pas d’exposition libre à proprement dit. Les 2 salles ouvertes au public sont destinées l’une aux vendeurs en tout genre et l’autre aux modèles inscrits au concours. Sur les conseils de Micha, nous choisissons de nous rendre en premier lieu dans la salle des vendeurs (voir plus loin la raison de ce choix). La porte de la salle à peine franchie, une vision incroyable s’offre à moi : des dizaines de stands tenus par les artisans, les fabricants et les importateurs qui sévissent aux Etats-Unis complétés par ceux des magasins de la côte Est qui ont fait le déplacement. Tous proposent des réductions spéciales pour la Convention : ma carte de crédit commence à frémir.
L’éditeur SAM PUBLICATIONS n’a malheureusement pu amener que quelques exemplaires de
AVIATION USK avait fait le déplacement depuis le Nebraska (environ 4000 kilomètres) pour proposer toute sa gamme de maquettes inédites. Je découvre à cette occasion la nouvelle marque XOTIC-72 lancée récemment par ce magasin très actif animé par une petite équipe aussi passionnée que farfelue. Je retiens notamment un B-32 Dominator (avec cellule en vac-u et petites pièces en injecté) ainsi qu’un Dornier Do-22 en short-run dans le plus pur style tchèque, moulé très proprement et accompagné de pièces en résine, d’une verrière en rhodoïd et d’une planche de décalcomanies proposant 4 décorations (2 grecques, 1 finlandaise et 1 yougoslave). En prime, une planche USK est offerte pour chaque achat effectué durant la Convention.
Après quelques frottements sous le sabot, la carte de crédit commence à fondre et l’heure de la fermeture des portes approche (21 H 00) aussi Micha et moi décidons de rentrer à l’hôtel pour une bonne nuit de sommeil, non sans avoir auparavant dégusté un bon T-Bone steak dans un restaurant texan. JEUDI 01 AOUT Dés 09 H 00 du matin, nous voici de retour dans la salle des vendeurs où je me consacre plus particulièrement aux petits artisans et autres magasins qui proposent pleins de petites choses intéressantes. Tout d’abord, je découvre sur un coin de table les accessoires en résine OBSCURECO AIRCRAFT. Animée par deux passionnés venus de CALIFORNIE, cette petite marque née récemment proposait sur un petit espace toute sa production, à des prix variant entre $3.00 et $4.00. Je retiens particulièrement au 1/48° un capot rectifié de F6F-3/5 Hellcat pour les kits Hasegawa et un autre pour le F8F-2 Bearcat de Hobbycraft. Au 1/72°, je craque pour un kit de conversion F-6D/K Mustang pour le kit Tamiya et un nez radar de PBJ-1 Mitchell pour le kit Italeri. Je conseille fortement de suivre la gamme de cette petite équipe. Ensuite, je vais de trouvaille en trouvaille et d’affaire en affaire parmi les magasins qui disposent pour certains de véritables "murs" de boîtes : chez Fujimi, un Gekko pour $8.00 et un Myrt pour $10.00 ; chez Hasegawa, un Spitfire HF.VII pour $10.00, un Buffalo pour $7.50 et une boîte double Me.109 G-6/G-14 "Spécial Hartmann" pour $12.00 et même chez High-Planes Models, un Yak-9P/U pour $12.00 également. Tout ceci pour donner une idée des prix pratiqués durant la Convention. Jugeant avoir suffisamment dépensé de billets verts, je me dis qu’il est temps d’aller admirer les pièces inscrites au concours La raison pour laquelle mon camarade Micha m’avait conseillé d’attendre est très simple. En fait, les candidats ont jusqu’au vendredi soir 18 H 00 pour s’inscrire et apporter leurs modèles, le jugement ne débutant qu’à 19 H 00 pour finir à minuit mais parfois à une heure très avancée de la nuit pour certaines catégories (au nombre de 115 + 13 Best Of).
Après le déjeuner, je me rend donc à l’autre salle où trônent des centaines de maquettes, dioramas et figurines sur des dizaines de mètres de table. Lors d’une discussion, les responsables des inscriptions m’indiquent que près de 2000 modèles sont déjà enregistrés pour plus de 600 participants et qu’ils en attendent d’autres d’ici l’heure de clôture. Un candidat a même inscrit plus d’une cinquantaine de maquettes réparties dans différentes catégories. Armé de mon appareil photo, me voici parti entre les tables à essayer de sélectionner les modèles qui à mes yeux sortent un peu du lot, tout en discutant avec leurs auteurs
Je commence à me demander si je suis le seul Français sur les lieux lorsque j’entend 3 maquettistes commenter les modèles présentés dans une langue qui m’est familière. En fait, il s’agit de 3 Québécois de l’IPMS/MONTREAL venus spécialement par la route depuis le Canada (en deux jours). Comme il est bon d’échanger des avis et autres histoires de maquettistes dans sa langue natale, même si elle est teintée d’un accent ! Vers les 19 H 00, mon estomac manifeste quelques envies et je signale à Micha qu’il y a 10 heures qu’on est là avec juste un petit sandwich avalé vite fait avec un Coca pour le déjeuner. Nous quittons donc ce lieu magique pour nous régaler de quelques produits de l’océan tout proche, dans un restaurant de fruits de mer, et nous désaltérer ensuite de quelques bières (pas très bonnes je dois l’avouer) dans un authentique bar américain : musique assourdissante et hurlements de cow-boys poussés par des filles aux yeux embués de jus de houblon. VENDREDI 02 AOUT De retour vers 10 H 00 dans la salle du concours, je remarque que d’autres modèles sont arrivés depuis le matin même. Je me met donc à tourner à nouveau autour des tables et je découvre encore des pièces étonnantes. C’est donc les yeux remplis de choses merveilleuses, le coffre de la voiture de boîtes et autres accessoires (et les poches vides) que Micha et moi décidons de quitter l’endroit. J’attend désormais la parution du numéro de septembre/octobre du Journal de l’IPMS/USA, habituellement entièrement consacré à la Convention et où seront publiées les résultats de la cuvée 2002, avec en prime une photo de chaque premier prix pour chaque catégorie. QUELQUES REFLEXIONS ET COMMENTAIRES Ce grand rendez-vous annuel est pris très au sérieux ici et on sent que le maquettisme est très soutenu par les professionnels qui n’hésitent pas à traverser le pays pour y participer. Le public ne s’y trompe pas car presque exclusivement constitué de maquettistes (jeunes et moins jeunes). On n’y vient pas à l’occasion de la sortie du dimanche avec la petite famille. A propos des jeunes, quelque chose m’a interpellé dans la salle du concours : dans un des coins se trouvait quelques tables entourées d’un rideau. Je me suis approché et j’ai pu voir un panneau où était inscrit : "Reserved for 21 and older". Il s’agissait en fait des tables réservées aux figurines représentant des corps dénudés partiellement ou totalement, quelle que soit leur catégorie, pour les dissimuler à la vue des mineurs. En résumé, si on a moins de 21 ans dans ce pays, on ne peut ni acheter ni peindre une figurine représentant une amazone ou autre guerrière des temps anciens. Voilà une conception de la liberté qui m’avait échappé. De toutes les discussions et les idées échangées durant ces trois jours avec un certain nombre de participants et de visiteurs, un sujet est régulièrement revenu sur le tapis dés la connaissance de ma nationalité, à savoir cette nouvelle mode du surdétaillage. Bien que j’ai pu voir quelques modèles ainsi traités, j’ai été bien heureux d’apprendre que les maquettistes américains n’affectionnent pas particulièrement ce style, qu’ils décrivent d’ailleurs comme une tendance européenne. La majorité pense que les modèles détaillés de la sorte manquent de réalisme et d’authenticité et qu’une maquette ne doit pas être une démonstration d’accessoires. D’autres considèrent que c’est une manière différente d’aborder le maquettisme, destinée à montrer le côté technique du hobby plutôt que le côté artistique. Comme il faut toujours prendre les bonnes idées là où elles se trouvent, j’ai entrepris l’élaboration d’une version en français du règlement et des catégories du concours, communs à quelques détails près à toutes les compétitions IPMS se déroulant aux USA, qui paraîtra prochainement sur ce site. Mon intention n’est pas de faire copier bêtement ce système par nos dirigeants de clubs mais plutôt de les inspirer. Il n’y a aucune honte à prendre les bonnes idées là où elles se trouvent, mais seulement les bonnes. Je suis de ceux qui pensent que sans les clubs en France, il n’y aurait pas d’expositions, ce qui équivaudrait pratiquement à la mort du maquettisme français, et quand on voit ce que certains d’entre nous sont capables de faire, il serait bien dommage de ne pas avoir la possibilité de le montrer. Mieux un concours est organisé et articulé, meilleurs sont la motivation et l’esprit de compétition. Il est temps à mon avis, et cela n’engage que moi, de faire quelque chose qui tienne debout chez nous. Quand les Américains me demandent pourquoi il n’y a pas d’IPMS/France et que je leur explique qu’en fait, il y en a deux (Paris et la Province), j’avoue que je suis un petit peu embarrassé mais eux ne paraissent pas surpris. Ma réponse les amuse plutôt, ce qui a le don de m’agacer légèrement.
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Club du Theil | 2001 - 2004 | Contact : club-du-theil@tiscali.fr Texte et photos : Jean-Luc DUBERT |